Une nouvelle bibliothèque pour l'École Centrale de Lyon : la bibliothèque Michel serres
Martine Mollet
Présentation de l'émergence de la bibliothèque à travers l'histoire de l'École Centrale de Lyon ainsi que sa réhabilitation. Les textes de l'inauguration sont rassemblés dans cet historique, dont celui de Michel Serres éponyme de la bibliothèque.
Mots-clés :
Architecture, Bibliothèques, Collections, Information électronique, Michel Serres, Publics, Rénovation.Keywords :
Architecture, Audiences, Collections, Computer network resources, Libraries, Michel Serres, Renewal.Géographique :
Écully (campus ECL),Texte intégral
Une nouvelle bibliothèque pour l'École Centrale de Lyon : la bibliothèque Michel serres
Une histoire à épisodes ...
1 Ces quelques extraits du livre d'Auguste Jouret publié en 19571 pour le centenaire de l'École en disent plus long de que beaux discours :
- 1 A. Jouret.- École centrale (...)
« La nouvelle école est bâtie en une première étape à une allure de record [...] Les rayonnages de la bibliothèque renfermaient un millier de volumes scientifiques et techniques. »2 [1869 - quai de la Guillotière n20]
- 2 A. Jouret.- Chapitre troisième (...)
« La nouvelle école fut solennellement inaugurée le 14 janvier 1902 [...] A signaler aussi la bibliothèque, riche en ouvrages spéciaux et techniques et qui est mise à la disposition des élèves. »3 [1902 - installation rue Chevreuil]
- 3 A. Jouret.- Chapitre cinquième (...)
2Depuis l'origine donc, l'École Centrale de Lyon ne se conçoit pas sans sa bibliothèque ... et lors de son installation à Écully, l'architecte Jacques Perrin-Fayolle, assisté pour sa réalisation de Marc Bissuel et Bernard Chamussy, le programme en même temps que la conception générale des autres bâtiments de l'école, au cœur du campus.
Mention de la bibliothèque de l'École Centrale Lyonnaise, rue Chevreul dans le Technica n43 de l'année 1907 publié pour le cinquantenaire de l'ECL4
Crédits : ECL — Association des Centraliens de Lyon
- 4 Voir : RIGOLLOT H., Notre (...)
Et pourtant :
3En 1991 le directeur de l'époque, Jacques Bordet déclarait5 :
- 5 Projet d'établissement : (...)
« Force est de dresser d'abord un constat brutal que désormais bien peu d'établissements d'enseignement supérieur peuvent faire : l'École Centrale de Lyon n'a ni véritable bibliothèque, ni centre de documentation, ni salles de lecture... Il doit être mis fin à cette situation... L'École doit disposer d'un centre de ressources performant permettant de privilégier et de développer le travail autonome des élèves comme l'accès aux moyens modernes de documentation qu'ils soient nationaux ou internationaux, tel est le fondement du projet de l'école... »
« Il s'agit pour l'École Centrale de Lyon d'entrer de plain-pied dans le schéma directeur des bibliothèques universitaires ».
4 Or quatre plus tard , le directeur Etienne Pascaud constatait dans le contrat d'établissement 1995-1998 :
« on peut simplement regretter que le projet correspondant déjà explicité dans le précédent contrat n'ait pas pu se concrétiser jusqu'ici alors qu'il visait à permettre aux élèves - ingénieurs de prendre une part plus grande, par un effort personnel individualisé à la formation qui leur est offerte... L'école n'ayant pas d'expérience valable en la matière, elle attend des spécialistes de la direction concernée du ministère, conseils, aide et assistance, qu'il s'agisse d'abord de la définition d'un projet puis de sa mise en œuvre ».
5Entre temps le bâtiment, destiné à devenir une bibliothèque, avait été affecté à d'autres fonctions au détriment d'une bibliothèque toujours annoncée, toujours reportée !
Les débuts de la documentation électronique au début des années 1980 à la bibliothèque de l'École Centrale de Lyon
Crédits : Louis Lardon
Enfin, la promesse d'une réalisation
6C'est finalement en septembre 2000 que le ministère, pour remédier à cet état de fait, décide d'affecter à l'École Centrale de Lyon un conservateur des bibliothèques, chargé de formaliser un projet de service et de le mettre en œuvre. Il s'agit de Martine Mollet, conservateur en chef qui est placé sous l'autorité du directeur nouvellement nommé, Jean Dorey qui de son côté déclarera :
« La fonction documentaire revêt le plus haut intérêt stratégique dans une école d'ingénieurs du rang de Centrale Lyon. La capacité à accéder efficacement à l'information scientifique et technique pertinente est en effet une compétence essentielle que doivent maîtriser les futurs ingénieurs, tant dans le cadre de leurs études à l'école que dans la perspective de leurs activités professionnelles ultérieures. C'est pourquoi la réhabilitation de la fonction de documentation est inscrite avec le plus haut niveau de priorité dans les projets de l'école. Concrètement, cette priorité se traduit par :
- le recrutement d'un conservateur des bibliothèques à la tête du service de la documentation,
- une volonté affirmée dans le contrat quadriennal 1999 -2002,
- l'inscription au contrat de plan entre l'état et la région d'une somme de 6,5 MF pour la réhabilitation de la bibliothèque centrale,
- l'affectation à la documentation d'une somme de 1,2 MF dans le budget 2001 de l'établissement. »
7L'année 2000-2001, marquera donc le point de départ de la « requalification » d'une nouvelle bibliothèque pour l'École Centrale de Lyon.
8Le projet proposé par le conservateur est ambitieux. Il s'inspire de l'organisation documentaire que l'on trouve traditionnellement dans les établissements d'enseignement supérieur : une organisation en réseau qui inclut la bibliothèque centrale entièrement restructurée, faisant office de tête de réseau et les bibliothèques de laboratoires dispersées sur le campus, le tout étant connecté aux grands réseaux documentaires lyonnais.
9Le conseil de la documentation6 , créé pour accompagner le projet, se pose alors la question de savoir si, avec l'avènement de la documentation électronique, il est encore d'actualité de construire une bibliothèque de cette envergure. La réponse est rapide et affirmative, car si l'émergence de la documentation électronique complète bien l'offre documentaire, elle ne satisfait pas, pour autant, tous les besoins. La totalité des informations ne se trouve pas sur les réseaux, notamment la documentation pédagogique en français, nécessaire aux élèves des deux premières années. Par ailleurs l'accès à l'information scientifique et technique plus généralement produite en langue anglaise nécessite souvent un espace de formation adapté.
- 6 Composé du directeur, du (...)
10Il est donc décidé que cette bibliothèque serait avant tout une « bibliothèque de proximité pour le campus d'Ecully » , une bibliothèque « en dur », tête d'un réseau documentaire virtuel.
11Son nécessaire rattachement au pôle documentaire lyonnais, reconnu comme l'un des pôles documentaires les plus importants sur le territoire national (avec les bibliothèques des Universités de Lyon I, Lyon II, Lyon III, les bibliothèques des deux ENS7, de l'INSA8, de l'INRP9, et avec le réseau local organisé autour de la bibliothèque municipale de la Part Dieu), la confortera très rapidement dans cette vocation.
12Le conseil de la documentation acte donc définitivement le concept d'une bibliothèque hybride à la fois espace physique et virtuel rassemblant documentations numériques et imprimées, accessibles en tout lieu. Les questions suivantes se posent alors :
comment faire cohabiter l'imprimé et le multimédia ?
comment concilier la vocation patrimoniale (la bibliothèque existe depuis 1857), avec le besoin d'une bibliothèque actualisée et vivante ?
comment améliorer les conditions d'accès aux collections et la fourniture des documents à distance ?
où reloger les services installés dans le bâtiment : un laboratoire de recherche, un service de relations extérieures, un service de communication, un service de visioconférences ?
comment assurer pendant la construction un accompagnement documentaire satisfaisant pour les élèves...
13Ces questions constitueront le cahier des charges du conservateur et de son équipe pour les cinq années à venir.
Le projet documentaire
14Les chantiers de modernisation qui se succédèrent de 2001 à 2005 apporteront des réponses concrètes à ces interrogations, et donneront une visibilité à ce projet longtemps annoncé, longtemps différé.
Informatisation
15Le plus gros chantier s'organisa tout naturellement, en ce début de XXIe siècle, autour de l'informatisation des collections, opération qui devait permettre une meilleure organisation du service en rationalisant les méthodes de travail et le circuit du livre, tout en diminuant la duplication des tâches et surtout permettre une meilleure connaissance des lecteurs grâce aux statistiques.
16L'interrogation du catalogue à distance permettra réciproquement à tout usager d'avoir une bonne connaissance des collections, y compris les acquisitions en cours.
L'une des 20 000 fiches cartonnées recensant les ouvrages des fonds qui ont été dématérialisées afin de constituer le socle de départ du catalogue de la bibliothèque
Libre accès et organisation thématique des collections
17Au préalable, il fallut bien sûr trier les collections existantes et ceci avec bien peu de bras mais beaucoup de cœur à l'ouvrage de la part des trois personnes en place (le conservateur et deux collaborateurs) très motivées par le projet qui s'adjoignirent le concours de quelques moniteurs étudiants et de stagiaires.
18Les collections étant classées par ordre de numéro d'inventaire aucune consultation directe par les étudiants n'était possible, il fallut donc aussi indexer, coter, équiper en antivol chaque livre pour le rendre accessible directement.
19On prit pour parti d'adopter un classement correspondant dans ses intitulés aux enseignements dispensés à l'école, afin que chaque élève puisse retrouver facilement l'environnement documentaire qui lui était nécessaire.
Souvenir du fonctionnement d'un autre âge, bien avant l'avènement de l'informatique dans les bibliothèques : une fiche de prêt d'ouvrage (1941)
Réactualisation des collections
20L'approfondissement des savoirs et l'accès à la culture scientifique et technique n'aurait pas été possible sans une réactualisation complète des collections en sciences de l'ingénieur. Ce qui fut fait sur l'ensemble de la collection contemporaine qui couvre aujourd'hui, sur tous types de supports, les domaines des sciences et techniques (sciences de l'ingénieur, mathématiques, informatique et TICE, technologies de l'environnement et de la santé), du monde de l'entreprise (économie, finance, droit, management), mais aussi les domaines des sciences humaines et des langues et cultures du monde.
21La satisfaction de toutes les curiosités est aussi permise par la consultation d'un riche fonds de culture générale et de média d'actualité.
Conservation et valorisation du fonds patrimonial
22Le fonds patrimonial constitué lors de la création de la bibliothèque en 1857, typique de cette période d'expansion économique et de croissance industrielle, fut lui aussi l'objet de toutes les attentions. Fortement marqué par l'histoire industrielle de la région lyonnaise au XIXe siècle : la soie et le textile, la chimie industrielle, la mécanique et la métallurgie, les machines à vapeur, le génie civil, l'énergie électrique, il couvre essentiellement la fin du XIXe siècle, les premiers numéros de périodiques datant, quant à eux, de 1783. Il fut donc trié, dépoussiéré, décontaminé, ré-étiqueté puis informatisé et enfin en partie numérisé. Il est aujourd'hui conservé en magasin dans les meilleures conditions climatiques et hygrométriques et en partie accessible à distance grâce à la numérisation.
Vue d'une allée du compactus du nouveau magasin de la bibliothèque Michel Serres avec un aperçu des ouvrages patrimoniaux
Crédits : Christian Morel
Documentation « en ligne » :
23Enfin une offre étoffée de documentation électronique fut rapidement négociée auprès des plus grands éditeurs scientifiques et proposée en ligne, notamment en langue anglaise, qu'il s'agisse de revues électroniques, de bases de données, de livres électroniques, de dictionnaires ou d'encyclopédies, afin de répondre aux nouveaux besoins suscités par le développement des nouvelles technologies.
Les débuts de la documentation électronique à l'École Centrale de Lyon (1981). Le temps des deux terminaux uniques est désormais révolu
Crédits : ECL — Association des Centraliens de Lyon
Mise en valeur de la production scientifique de l'école :
24Parallèlement à cette offre de documentation électronique, la production scientifique de l'école a été valorisée par la bibliothèque qui édite depuis 2002 sous forme électronique les thèses soutenues à l'ECL10 et gère une base des publications des enseignants-chercheurs désormais consultables en ligne. La perspective d'évolution de ces projets est la constitution d'une archive ouverte institutionnelle, en liaison avec les projets du CNRS11 et du futur PRES12 de Lyon.
Multiplication des services
25Aujourd'hui, avec le renforcement de l'équipe13 élèves et enseignants sont accueillis de 8h30 à 19h30 et peuvent bénéficier d'un service de renseignement bibliographique, et de sessions de formation régulières dans une salle entièrement équipée à cet effet avec les technologies les plus innovantes.
- 13 La bibliothèque dispose (...)
26Excellent prétexte pour moderniser l'ensemble des services, la requalification architecturale a en effet permis l'installation de tous les réseaux indispensables. L'accès au réseau informatique est ouvert à tout lecteur travaillant sur un poste informatique ou sur son propre ordinateur portable.
27Un soin tout particulier a été apporté également à la signalétique, qui tout en respectant le projet architectural, facilite l'autonomie des usagers.
Connexion à un vaste réseau documentaire
28Devenant un lieu à la fois réel et virtuel d'accès à l'information, la qualité de l'offre documentaire de la bibliothèque, dépend des moyens mis en œuvre localement, mais aussi de l'effort de coopération engagé pour mutualiser les ressources. Cette coopération, déjà chère aux établissements documentaires, a été fortement réactivée par l'accroissement des sources de documentation électronique.
29Les partenariats de la bibliothèque se poursuivent ainsi autour de l'ABES14, de COUPERIN15, et de façon très active aujourd'hui du PUL16 qui souhaite faire de la documentation un enjeu fort pour l'enseignement et la recherche.
Une équipe au service de la communauté de l'ECL
30Sans interruption de service pendant la période des travaux, les collections et les services de prêt ayant été délocalisés dans des locaux provisoires aménagés à cet effet, le travail préalable de réorganisation, de construction et de modernisation s'est donc poursuivi sans relâche.
31Il a soudé le personnel, créé un esprit d'équipe, une dynamique nouvelle, et aujourd'hui les efforts se portent prioritairement sur un plus large accueil des lecteurs, grâce à des horaires aménagés en fonction des besoins des élèves, recueillis au moyen d'une enquête préalable. Les lecteurs apprécient et en font un retour positif.
32La présence de nombreux élèves travaillant sur le plateau du 1er étage, l'utilisation intensive de la salle de formation, l'augmentation des prêts incitent à penser que la bibliothèque n'aura plus désormais à justifier sa présence dans la communauté centralienne.
33Demain, l'effort portera encore davantage sur la formation à la recherche documentaire qui ne s'improvise pas, les bibliothécaires qui accompagnent les élèves dans leurs recherches le savent bien ! La bibliothèque donne désormais accès à une quantité importante d'information. Dès lors, l'enjeu pour les bibliothécaires sera de savoir trier et exploiter cette masse d'information qui s'accroît de façon exponentielle. Un enjeu à la hauteur des défis que devront surmonter élèves et enseignants : celui d'assimiler et faire partager un savoir organisé.
L'accueil de la bibliothèque sur le campus d'Écully, au rez-de-chaussée du bâtiment, durant les premières années de son fonctionnement (fin des années 1960)
Crédits : M. Lombard
Pour les besoins et le bonheur des usagers
34C'est désormais dans un espace totalement ouvert que l'enseignant trouve matière à préparer ses enseignements, le chercheur à approfondir ses travaux, l'élève centralien à satisfaire ses désirs d'étude et de loisirs culturels.
35Depuis leurs bureaux, les chercheurs accèdent aux revues scientifiques internationales. Sur place, dans un espace confortable et lumineux, les amateurs de livres consultent une multitude d'ouvrages ou de revues scientifiques et techniques du XIXe siècle et contemporaines, ou encore vagabondent sur les réseaux d'information enrichie via des postes de travail informatisés, à l'avant-garde de l'innovation technique.
Le projet de réhabilitation du bâtiment
Le programme
Les travaux de restructuration de la bibliothèque : vue du chantier de requalification la bibliothèque (photo : 2005)
Crédits : ECL - Bibliothèque Michel Serres
36A l'origine le bâtiment avait été prévu pour abriter une grande salle de lecture, tous les documents étant stockés dans les réserves au rez-de-chaussée avec un système de prêt de type indirect tel qu'il était pratiqué dans toutes les bibliothèques universitaires à l'époque.
37Mais depuis, les conceptions bibliothéconomiques ayant évolué, les bibliothèques ont glissé d'une logique de conservation et de protection, à une logique de diffusion et de rayonnement, et le libre accès aux documents est devenu la règle sauf pour le fonds patrimonial, pour lequel un magasin spécifique restait nécessaire.
38Le programme soumis à l'architecte tiendra compte de ces réflexions, et proposera une répartition fonctionnelle sur les deux niveaux :
l'étage (le niveau « noble ») est affecté en totalité aux espaces de diffusion et de consultation ouverts au public. Il n'est quasiment pas cloisonné pour laisser visible la totalité de l'espace. Il comporte la banque d'accueil ainsi que le portique du système antivol. Cette disposition sur un seul niveau de tout le « libre accès » permet de donner une limite claire au public et une gestion facile au personnel.
le rez-de-chaussée sert d'espace de service. Il comporte tous les espaces devant être cloisonnés.
Le projet architectural
39La composition de l'étage est ordonnée autour d'une partie centrale de forme circulaire qui comprend les circulations verticales (escalier et élévateur handicapé), inscrites dans un demi-cercle, et la banque de prêt qui s'inscrit dans l'autre demi-cercle.
40A la périphérie, de cette partie centrale, les documents sont répartis dans 24 travées rayonnantes disposées avec un décalage alterné de 12 saillants et de 12 rentrants, le schéma ainsi produit n'étant pas sans analogie avec l'engrenage à 12 dents qui a servi de base au logo primitif de l'école (idée de l'architecte.)
Vue de la banque d'accueil de la bibliothèque et des travées rayonnantes de l'étage de la bibliothèque Michel Serres
41Tout autour, le long des fenêtres, sont disposées les places de lecture :
sous la forme de deux grands plateaux continus pour les postes de travail individuel sur les façades nord-ouest (en face des amphis et des labos de l'école) et sud-est (face au bois) ;
sous la forme de tables de 4 à 5 places, pour les espaces de travail en groupe sur la façade sud-ouest (face à l'administration) ;
sous la forme de chauffeuses, pour la lecture des périodiques ou une lecture plus détendue, sur la façade nord-est (face au terrain de sport) ;
et sous la forme de 4 cellules individuelles, à usage de carrel, pour les 4 angles du bâtiment qui correspondent aux 4 points cardinaux.
42La composition du rez-de-chaussée reprend le même parti, avec :
le hall d'entrée et le noyau central qui comporte les circulations verticales et les sanitaires (pour le public et pour le personnel) ;
autour, les services internes non accessibles au public (bureau, atelier, magasin) et la salle de formation accessible directement depuis le hall.
43Les circulations sont très simples et très différenciées :
pour le public, le hall donne directement accès aux espaces de lecture à l'étage, aux sanitaires (placés hors portique antivol), à la salle de formation à droite et à l'administration à gauche (avec possibilité de contrôle) ;
le personnel dispose d'un accès de service et d'une circulation propre qui dessert tous les locaux réservés aux services internes. Il peut aussi accéder à la salle de formation par l'intermédiaire de la salle de détente.
44La capacité de la bibliothèque est désormais de :
25 000 ouvrages en accès libre ;
92 titres de périodiques en libre accès ;
12 000 ouvrages en magasin (+ 86 ml pour des périodiques) ;
90 places publiques dans le secteur consultation ;
et 16 places pour la salle de formation.
45L'architecte choisi, Marc Givry, a dès sa première visite, été frappé par la richesse et la diversité des recherches réalisées dans les laboratoires de l'école et aussi par la qualité des objets qui s'y trouvaient.
46L'impression esthétique qui s'en dégageait, illustrait pour lui à merveille ce que l'on pourrait appeler « l'art de l'ingénieur ».
47Et en partant du principe que dans une école (surtout d'ingénieurs), les bâtiments peuvent servir la pédagogie, il propose de laisser apparente les structures et de les traiter sous la forme de systèmes indépendants visibles et clairement identifiés.
48De la sorte, dans la grande salle de lecture à l'étage, on peut reconnaître :
le système structural ;
le système de traitement acoustique ;
le système de ventilation ;
le système d'émission chaud/froid ;
le système de gestion de la lumière naturelle ;
le système d'éclairage artificiel ;
le système des réseaux.
49Chaque système est traité d'une manière claire, mais discrète et élégante. Pour Marc Givry cela permet « de mettre en valeur ce qui est le vrai trésor d'une bibliothèque : ses livres, mais surtout ses lecteurs et aussi, ses bibliothécaires ». Cette approche « esthétique serait peut - être aussi une approche éthique : la technique au service de l'homme »...
50Pour le mobilier, il propose de lui donner un caractère très mécanique et très efficace. En un mot, de le traiter comme « le système du mobilier », en le mettant en valeur sur un sol en parquet de bois.
Une réalisation qui a vocation à rassembler
51La nouvelle bibliothèque de l'École Centrale de Lyon a été inaugurée officiellement le 27 mars dernier par Alain Morvan, recteur de l'académie de Lyon et chancelier des universités, Jean-Vincent Jehanno, conseiller régional, Patrick Bourgin, administrateur provisoire de l'école, Martine Mollet conservateur et Marc Givry, architecte.
52Cette manifestation était également honorée par la présence du philosophe Michel Serres, qui a donné son nom à l'équipement.
53Que Michel Serres soit éponyme de la bibliothèque n'est pas le fruit du hasard. A la fois mathématicien, philosophe, grand voyageur, sportif, pédagogue, écrivain et conteur de talent, Michel Serres représente tout à fait pour les élèves « l'honnête homme du XXIe siècle » que la bibliothèque dans sa vocation interdisciplinaire a pour objectif d'accueillir et de former.
54Après avoir été un projet qui balbutie et quelquefois divise, la bibliothèque est donc devenue une réalisation qui rassemble, comme en témoignent les discours lors de l'inauguration.
55Tandis que l'administrateur provisoire de l'école Patrick Bourgin rappelait qu'inaugurer une bibliothèque est « un acte fort car la bibliothèque est traditionnellement la mémoire de l'humanité, [...] et que dans ce lieu tout particulièrement règne une atmosphère magique qui joue avec l'espace et la lumière, et qui préfigure certainement ce que sera le campus dans quelques années »...
Le philosophe a pu dire :
« On raconte que les femmes enceintes ont des envies irrésistibles et je crois qu'il faut satisfaire ces envies lorsqu'on les voit apparaître chez les femmes à l'état de grossesse, parce sinon que cela peut amener parfois des catastrophes importantes pour le bébé.
Lorsque ma mère était enceinte de moi, voici de très nombreuses années, elle était en train de faire un voyage à Lyon, elle est sortie de l'agglomération et elle est entrée du coté de l'Ecole Centrale, et à un moment elle s'est aperçue que dans l'un des bâtiments de l'Ecole Centrale était marqué Bibliothèque Michel Serres, et c'est à ce moment là que, au moment de l'accouchement, prise d'une envie irrésistible... c'est ainsi que je m'appelle de ce nom là .
Qu'est ce qu'une bibliothèque ?
C'est une banque de données issue de l'écriture humaine, manuscrite, puis imprimée, une collection de rouleaux, de manuscrits, de livres, et bientôt une collection de mémoires d'ordinateur (Google). C'est aussi une collection de langues, spécialement de langues écrites...
La Bibliothèque s'organise autour de l'écrit. Or, très peu de langues humaines ont accédé à l'écriture ; ce que l'on appelle aujourd'hui la “ coupure informatique †est une erreur du point de vue historique, mais plus grave encore, était ce que l'on a appelé “ la coupure de l'écriture †au moment de son invention. Les historiens disent que l'Histoire commence avec l'invention de l'écriture. D'où l'exclusion de l'histoire, du fait des historiens, de la majorité des langues qui n'ont pas accédé à l'écriture. Et nous savons que la majorité des langues parlées dans le monde n'ont pas de supports écrits.
La bibliothèque est donc une banque de données restreinte, construite à partir de langues humaines ayant pu accéder à l'écriture. Des écritures datées, mémoire des différentes cultures de traditions orales qui les ont précédées.
Entrer et sortir de la bibliothèque :
En entrant dans la bibliothèque, on accède ainsi à une culture historique, écrite. En sortant de la bibliothèque, on invente ce qui n'est pas conservé dans la bibliothèque, on s'approche de la nouveauté, la nouveauté étant ce qui n'est consigné dans aucune bibliothèque du monde.
Avant Homère ou Hésiode, les textes comme l'Odyssée ou la tragédie étaient transmis par oral, et les chanteurs grecs étaient les seuls dépositaires de la mémoire de la mythologie grecque. L'écriture a permis de conserver la mémoire humaine au-delà de cette mémoire vivante conservée par homme.
Avant Gutenberg il n'y avait pas de livres imprimés, avant Lavoisier il n'y avait pas de vocabulaire concernant la chimie dans les livres, avant Einstein, il n'y avait pas de vocabulaire sur la relativité. Les inventeurs se situent donc en dehors de la bibliothèque et dès lors qu'ils ont inventé, ils entrent dans la bibliothèque.
Voilà la définition du transit Entrée-Sortie de la bibliothèque.
Et le monde en dehors des bibliothèques ?
Lorsque je rentre dans la bibliothèque je peux consulter des manuscrits écrits. Lorsque je sors de la bibliothèque, ce que je trouve n'est pas écrit. Or les sciences, non pas telles ou telles sciences, non pas la physique, la chimie ou la biologie ...mais toutes les sciences ensemble, depuis un siècle ont fait cette découverte majeure que le monde en dehors de la bibliothèque, comporte aussi de l'écriture. Et c'est cela que je voudrais démontrer. Le monde entier est une bibliothèque, mais une bibliothèque d'un genre nouveau que seules les sciences arrivent à déchiffrer...
Le monde est une bibliothèque à lire...
Dans une bibliothèque, on feuillette des livres de langues différentes, l'écriture humaine se déployant dans une grande diversité de langues. Lorsqu'on sort de la bibliothèque, on s'aperçoit que toutes les sciences découvrent les codes de l'univers et essayent de les traduire... Donc il existe bien deux bibliothèques, une bibliothèque humaine dans laquelle je rentre et celle du monde vers laquelle je sors ! un monde exploré par différentes disciplines physiques un monde qui porte les traces de ces codes écrits. » 17
- 17 Michel Serres. — Discours (...)
J'ai rêvé que je passais devant un jury à l'École Centrale de Lyon. Et à ce jury je disais : « Un homme qui lit va vers la lumière »
Mais la phrase n'était pas de moi. Je l'avais en fait piquée à Louis I. Kahn, qui parlait ainsi de son projet pour la Exeter Library.
Au sens figuré bien sûr, un homme qui lit va vers la connaissance, mais au sens propre aussi. En effet, dans son projet, sur un plan carré, les circulations étaient au centre, les livres autour et les places de lecture le long des façades. De la sorte, un homme qui voulait lire, passait par le centre, prenait son livre et allait vers la lumière.
Dans mon rêve, je disais aussi :
Votre bâtiment a une belle géométrie : un carré parfait à l'étage qui s'appuie sur un carré parfait au rez-de-chaussée. Le carré parfait de l'étage vitré de la même manière sur ses quatre façades, offre de la sorte une grande qualité de lumière sur toute sa périphérie.
Sur ces bases, je vous propose quelque chose de très simple :
réservons l'étage aux espaces ouverts au public et ne le cloisonnons pas
affectons le rez-de-chaussée aux services devant être cloisonnés
et pour passer de l'un à l'autre, créons une circulation au centre et faisons entrer un cercle dans le carré
Pour aménager l'étage, inspirons nous du logo de l'école. En effet ce logo représente un engrenage à 12 dents, avec au centre quelques éclairs qui symbolisent l'énergie (ou la lumière) et trois petites abeilles industrieuses.
Pour la bibliothèque cela vous donnera le tracé des rayonnages (bien sûr rayonnant), un peu d'énergie et de lumière au centre et aussi quelques bibliothécaires (bien sûr industrieuses). Car chacun sait, qu'une bibliothèque sans bibliothécaires, cela ne saurait exister.
Au jury, j'avais dit aussi :
Dans une école (surtout d'ingénieurs), les bâtiments sont sans doute la meilleure et la moins coûteuse des pédagogies. Vous enseignez la technique, alors pourquoi la cacher ? Pourquoi mettre des faux plafond partout et se priver ainsi du plaisir de voir une poutre s'appuyer sur un poteau ?
Inspirons-nous plutôt de l'art de l'ingénieur. Un ingénieur, quand il a un gros problème, il s'efforce de le décomposer en plus petits problèmes et il fabrique des systèmes. Par exemple, pour faire un avion, on fera un système de structure, un système de propulsion, un système de commandes...
Alors pour la bibliothèque faisons des « systèmes » (la structure, le chauffage, l'acoustique, le traitement de la lumière) et montrons-les. Et ne traitons pas le mobilier (ou le graphisme) comme un contrepoint lyrique, voire frivole à la froideur de la technique. En effet pourquoi vouloir cacher ce que l'on est, et ce qu'on enseigne.
En 2005 après ce rêve, et comme chacun sait, je me suis endormi.
En 2006, comme la belle au bois dormant je me suis réveillé.
Et j'ai trouvé la bibliothèque que j'avais un jour rêvée. Le cercle était rentré dans le carré. Et bien sûr le prince charmant était aussi passé par-là (ou peut être un ami de la sagesse, un ami du savoir, il me semble que l'on dit un philosophe...).
Et cet ami de la sagesse avait écrit : « Je pense, donc j'invente »
Cela m'a fait penser au Bernin, l'architecte de la colonnade de Saint Pierre à Rome, un génie du baroque qui disait :
« En architecture on n'invente jamais rien, on se contente de copier. Mais si un besogneux ne peut copier qu'une idée à la fois, un talentueux en copiera deux et un génie trois. »
Je ne sais pas si ici, j'ai copié 3 idées. Je ne sais même pas si j'en ai copié 2.
Mais je suis sûr d'en avoir au moins copié une, celle de Louis I. Kahn qui disait : « Un homme qui lit va vers la lumière ».18
- 18 Marc givry.- Discours inaugural (...)
Et le Conservateur de poursuivre :
« Bonjour à tous, bienvenue dans cette bibliothèque qui est probablement, parmi celles qui ont été réalisées dans le cadre du CPER l'une des plus petites, sinon la plus petite. Pour autant, ici à l'École Centrale nous considérons « Qu'elle a tout d'une grande ! ».
Comme le dit Michel Serres dans son dernier livre Récits d'humanisme, « nous avons tous besoin de grands récits pour exister ! »
Un minimum de moyens, pour le maximum d'effets, c'est la contrainte que nous nous sommes imposés :
Un projet documentaire qui n'a pas la prétention de capitaliser tous les savoirs en un seul lieu
Un projet architectural qui traduit l'esprit de l'art minimal
Aujourd'hui, le savoir est diffus, il est partout où les chercheurs le produisent : dans les universités, dans les grandes écoles, dans les centres de recherche, mais aussi partout où on le transmet, et notamment aujourd'hui dans les réseaux que nous utilisons tous.
Vouloir enfermer la « bibliothèque de Babel », dans des murs est aujourd'hui une utopie dépassée.
Comme le dit Michel Serres, notre parrain, il est nécessaire d'entrer dans les bibliothèques, mais ce n'est pas suffisant, il faut savoir... aussi en sortir.
C'est la raison pour laquelle nous avons souhaité faire de cette bibliothèque, à la fois :
- une bibliothèque physique, de proximité, vivante, d'actualité, une bibliothèque de campus, toujours adaptable aux multiples besoins des élèves, des enseignants, des chercheurs et de l'ensemble des personnels de l'École,
- et une bibliothèque virtuelle, hors les murs, immatérielle, qui grâce aux réseaux accessibles en tous points du bâtiment, donne aussi un accès organisé à toute la documentation qui se trouve à l'extérieur :
- sur le campus d'Ecully d'abord,
- sur le site de Lyon,
- sur le territoire de la Région Rhône-Alpes
- sur les réseaux documentaires nationaux et internationaux
- sur l'ensemble des possibilités qu'offre la “Toileâ€
En contrepartie, à travers son portail documentaire ouvert à “ tous les citoiliens errants du monde â€, la bibliothèque donne désormais accès à ses propres ressources documentaires et à la production scientifique de l'École Centrale.
Du local à l'international (le local sans les murs), cette construction documentaire a été pensée dans une optique “Service†pour le plus grand bénéfice de ceux qui fréquenteront ce bâtiment.
L'équipe de la bibliothèque (qui est aussi, toute petite ! et que je remercie au passage pour son investissement depuis cinq ans), n'oublie jamais qu'elle est au service des communautés qui vivent sur ce Campus.
Je la remercie pour m'accompagner dans le projet d'une bibliothèque qui a, non pas des “ idées arrêtées †mais des “idées toujours en mouvementâ€, car cela représente au quotidien beaucoup d'exigence professionnelle.
J'en profite aussi pour remercier Frédéric Roberjot et toute l'équipe des Services techniques, pour l'année constructive que nous venons de passer ensemble.
Je dis enfin ma reconnaissance aux équipes de direction qui ont accompagné la maturation de ce projet et qui l'ont porté sur les fonds baptismaux.
Le bâtiment que nous inaugurons en ce moment traduit donc un projet documentaire qui ne veut pas se résumer dans le bâti. C'est pourquoi un défi a été lancé à notre architecte Marc Givry : comment faire rayonner l'équipement au-delà de ses propres murs, comment passer du rêve à la réalité... ? »19
- 19 Martine Mollet. - Discours (...)
En guise de conclusion...
56Sur les murs de la bibliothèque, on peut lire désormais le texte que Michel Serres a offert à l'école et qui a été dévoilé le jour de l'inauguration :
« Il faut fréquenter les bibliothèques, certes ;
il convient, assurément, de se faire savant.
Étudiez, travaillez, il en restera toujours
quelque chose.
Et après ? Pour qu'il existe un après,
je veux dire quelque avenir qui dépasse la copie,
sortez de la bibliothèque pour courir au grand air ;
si vous demeurez dedans, vous n'écrirez jamais
que des livres faits de livres.
Ce savoir, excellent, concourt à l'instruction, mais
celle-ci a pour but autre chose qu'elle-même...
Le but de l'instruction est la fin de l'instruction,
c'est-à -dire l'invention.
L'invention est le seul acte intellectuel vrai,
la seule action d'intelligence.
Le reste ? Copie, tricherie, reproduction, paresse,
convention, bataille, sommeil.
Seule éveille la découverte.
L'invention seule prouve qu'on pense vraiment
la chose qu'on pense, quelle que soit la chose.
Je pense donc j'invente. »
Signature Michel Serres
Notes
1 A. Jouret.- École centrale lyonnaise : Un siècle d'une école d'ingénieurs. [En ligne] Lyon: Impr. de Lescuyer et fils, 1957. 231 p. Disponible sur < https://histoire.ec-lyon.fr/index.php?id=822 > (Consulté le 14/10/2008)
2 A. Jouret.- Chapitre troisième - La direction Gustave Fortier (1868 - 1902) 1. Le quai de la Guillotière. In : École centrale lyonnaise : Un siècle d'une école d'ingénieurs. Lyon: Impr. de Lescuyer et fils, 1957. pp. 53
3 A. Jouret.- Chapitre cinquième - La direction Gustave Fortier (suite) 3. L'installation rue Chevreul.In : École centrale lyonnaise : Un siècle d'une école d'ingénieurs. Lyon: Impr. de Lescuyer et fils, 1957. pp. 96-98
4 Voir : RIGOLLOT H., Notre École. Technica, la revue de l'Association des Centraliens de Lyon, (1907-43), pp. 5-15. [En ligne] Disponible sur :< https://histoire.ec-lyon.fr/index.php?id=1015 > (Consulté le 14/10/2008)
5 Projet d'établissement : Déclaration d'intention 1991, p.7
6 Composé du directeur, du conservateur, du secrétaire général, de l'agent comptable, de représentants des départements d'enseignement et de recherche, de représentants des élèves, et de personnalités extérieures.
7 Ecole Nationale Supérieure
8 Institut National des Sciences Appliquées
9 Institut National de Recherche Pédagogique
10 École Centrale de Lyon
11 Centre National de la Recherche Scientifique
12 Pôle de Recherche et d'Enseignement Supérieur
13 La bibliothèque dispose désormais de 8 agents qualifiés en documentation
14 Agence Bibliographique de l'Enseignement Supérieur
15 Consortium Universitaire de Périodiques Numériques (Association nationale de près de 200 établissements, qui organise la négociation des ressources en ligne avec les éditeurs)
16 Pôle Universitaire Lyonnais
17 Michel Serres. — Discours inaugural de la bibliothèque. 27 Mars 2006.
18 Marc givry.- Discours inaugural de la bibliothèque. 27 Mars 2006.
19 Martine Mollet. - Discours inaugural de la bibliothèque. 27 Mars 2006.
Pour citer ce document
Martine Mollet, «Une nouvelle bibliothèque pour l'École Centrale de Lyon : la bibliothèque Michel serres», Histoire de l'École Centrale de Lyon [En ligne], Mémoire de l'École Centrale de Lyon, Au-delà des sciences et de la technique, mis à jour le : 20/11/2014, URL : http://156.18.19.153:443/index.php?id=725.